Et si vous n’aviez pas besoin d’un jeu, mais d’un atelier ludique ?

Article rédigé par Michaël Burow

Temps de lecture : environ 5 min

Faire un jeu… ou un atelier collaboratif ?

Régulièrement, dans un premier échange, je suis sollicité pour aider à la conception d’« un jeu » dans le but de sensibiliser, faire de la pédagogie, ou mobiliser. Parfois avec une idée très précise du format : « escape game, jeu de société, jeu vidéo…)

Mais en posant des questions, souvent, je me rends compte que la solution la plus adaptée, ce n’est pas vraiment « un jeu », mais quelque chose que j’appellerai « un atelier ludique ».

Nous le définirons plus tard, mais revenons d’abord sur cette envie « faire un jeu ».

Le jeu, c’est un média très accrocheur, pour intéresser des publics. Lorsqu’il est la « fiction du faire », il nous implique émotionnellement, il nous fait expérimenter. Mais pour fonctionner, il doit être immersif, impliquer, proposer des mécanismes ludiques, et un adéquat mélange de liberté et de règles.

En bref, créer une expérience de jeu, c’est un investissement non négligeable de temps, d’énergie, et d’argent, pour réussir à produire cet effet. Et ça ne répond pas forcément pas à tous les objectifs souhaité.

Parce que souvent, au-delà d’intéresser et de faire vivre un moment, on veut en plus créer une dynamique, une émergence, du dialogue, pour développer un lien durable avec son public.

Mais le jeu, c’est aussi un moment « hors du temps » par définition. Quand nous sommes dans le « cercle magique du jeu », les enjeux réels disparaissent. C’est une de ses forces, puisque c’est ce qui lui donne son pouvoir de décalage, de prise de recul, d’exploration sans gravité. Mais ce n’est pas toujours adapté. En particulier quand on veut faire émerger des échanges sur des cas concrets, des plans d’action, des projets pour la suite.

Ce retour au réel, sur un mode collaboratif, est plutôt du ressort d’un de mes autres champs d’action : « la facilitation ». La facilitation s’intéresse à rendre les moments collectifs, plus équilibrés, plus sains, plus créatifs et plus efficaces, via les outils de l’intelligence collective. Pour produire et créer collaborativement, et aussi pour mieux fonctionner ensemble.

Et si on mélangeait les deux pour faire « un atelier ludique ? »

Une idée logique est d’aller chercher la jonction de ces deux formats.

Ma définition d’un « atelier ludique » : « un moment collectif, qui inclut des phases de jeu, et des phases collaboratives, c’est-à-dire des phases d’expériences et des phases d’émergence »

Des caractéristiques qui font la force de ce format :

  • On conçoit des moments de jeu d’ambition plus raisonnable. (le jeu peut par exemple durer 45 min sur 3 heures d’ateliers)
  • On alterne les activités pour les participants : jeu, débriefing, transmission, collaboratif. Cela aide à maintenir leur énergie et leur attention.
  • On se permet aussi plus du temps pour faire parler « sérieusement » les participants. Leur laisser donner des idées, les faire partager leurs ressentis, les faire co-construire

Mais ce format demande également certaines vigilances :

  • Contrairement à une expérience de « jeu », l’atelier ne se suffit pas vraiment à soi-même, il faut l’intégrer dans un cadre qui lui donne sens, et il faut le préparer spécifiquement selon le contexte.
  • C’est souvent un peu plus compliqué et moins autonome qu’un jeu, donc il est nécessaire de former un réseau de « facilitateurs de l’atelier », à leur fournir des guides et méthodologies, pour qu’ils puissent s’adapter en cours de route.

Exemple : la Fresque du Climat

Essayons d’illustrer cela par un exemple, la Fresque du Climat :

Dans cet atelier, le groupe, aidé d’un animateur, va faire connaissance, puis recomposer une fresque des causes conséquences du changement climatique. Puis viendra une partie débriefing et discussion sur les solutions.

Dans ce cas, il y a des moments qu’on peut qualifier de jeux parce que le groupe tâtonne, cherche comment placer les cartes, puis comment décorer et mettre en valeur sa fresque.

Mais, il y a aussi un aspect collaboratif, et participatif, en particulier dans la seconde phase. Et il s’agit ici plus pour l’animateur dans cette seconde phase de gérer la bonne dynamique, la fluidité et la sécurité des échanges. Et cette phase est beaucoup plus adaptée au contexte, et variable selon l’animateur.

On est à mi-chemin entre l’outil presque autonome, de l’ordre du jeu, et la facilitation « classique ».

Avec cette définition, quels points de questionnements et d’exploration ?

Aujourd’hui, par rapport à ce sujet, ce que je veux approfondir, c’est comment, méthodologiquement, construire une partie « ludique » et une partie « collaborative », cohérentes, et qui fonctionnent au mieux ensemble.

C’est cette alchimie du mélange, entre préparation de facilitation & conception de jeux qui m’intéresse, et que j’ai envie de creuser.

Deux questions, pour toi qui me lis :

  • Qu’aimerais-tu savoir, sur ce format d’atelier ludique ?
  • Est-ce que dans tes contenus, objectifs, ateliers, jeux… tu vois des formats qui s’en rapproche ?
  • M’envoyer tes réponses à michael@fidbak.io

Hâte d’échanger, et si tu veux participer à une réflexion collective, n’hésite pas à répondre pour me le signaler, j’ai en tête de faire un atelier en ligne sur le sujet.